Il y a un an, un coquillier avec deux
hommes à bord faisait naufrage, au large de Bréhat (Côtes-d’Armor). Le
matelot a perdu la vie. Les recherches du bureau d’enquêtes sur les
événements de mer déterminent les causes.
Alarme du sondeur désactivée, absence de veille, navigation non
préparée, méconnaissance d’une zone dangereuse, alerte lancée sur le
mauvais canal, abandon précipité du bateau… La liste est longue. Et
tragique, puisqu’un matelot est mort dans le naufrage de ce bateau de
pêche, il y a un an.Au tribunal demain
Le 12 octobre 2016, à 11 h 40, dans l’est de Bréhat, L’Enfant d’Arvor, qui pêche la coquille, tape sur une roche, et coule en moins de trois minutes. Le patron, réfugié sur le radeau de sauvetage, est récupéré, une heure plus tard, à 12 h 36. Le matelot, resté accroché à une bouée, est retrouvé inconscient à 12 h 48. Il ne reviendra pas à la vie.Le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc jugera demain cette affaire : le patron est poursuivi pour homicide involontaire.Le BEA mer (bureau d’enquêtes sur les événements de mer) n’a pas pour objet d’établir les responsabilités pénales (c’est le rôle exclusif du tribunal). Il a pour seul but d’améliorer la sécurité en mer. Il vient de publier son rapport.
Hauts-fonds des Échaudés
Ses observations sont nombreuses. « C’est la première fois que ce patron se rendait sur cette zone », relève le BEA mer. « Alors que les conditions météo se dégradent, il décide de rentrer au port de Saint-Quay-Portrieux. » La météo prévoyait un vent d’est/nord-est de force 5 à 6, fraîchissant 7 dans l’après-midi. « L’alarme sonore du sondeur était volontairement désactivée, souligne le rapport. L’absence de veille et le manque d’attention du patron pendant qu’il retire son ciré et son VFI (vêtement à flottabilité intégrée), ne lui permettent pas de comprendre qu’il fait route vers les hauts-fonds des Échaudés, pourtant bien identifiés sur les cartes et les aides électroniques à la navigation. »« L’appel n’a pas été entendu »
Le navire cogne une roche. Le patron appelle au secours, mais sur le canal 68, un canal de communication des pêcheurs. « L’appel n’a pas été entendu. Le patron n’a pas déclenché l’appel de détresse sélectif numérique (ASN), ni lancé un appel sur le 16, le canal de sécurité. » Il avait une balise satellitaire, mais ne s’en est pas servi. Il a donné l’alerte avec un fumigène à main présent sur le radeau de sauvetage.Il ne sait pas nager
L’abandon du bateau a été « mal maîtrisé », selon le rapport. Des VFI sont présentes dans la cabine, mais les deux hommes ne les mettent pas. Ils se jettent à l’eau. Le patron parvient à grimper à bord du radeau de sauvetage. Le matelot, accroché à une bouée couronne, part à la dérive. L’eau est à 15°. Le matelot, sénégalais, ne sait pas nager.S’il avait porté une VFI lui maintenant la tête hors de l’eau, il aurait pu survivre 2 h 30 dans l’eau, ajoute le rapport. « Le marin-pêcheur, face à deux métiers, celui de navigateur et celui de pêcheur, n’a pas accordé la priorité à la navigation, alors que cela s’imposait », souligne le rapport.
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