En décrochant l'entretien d'un des plus beaux plans Fife au monde, le chantier du Guip vient de changer de dimension. Le ketch de 28 m Sumurun est un sommet de perfection.
Les yachtmen les plus exigeants confient aujourd'hui leur bateau au
chantier brestois. L'exigence du Guip commence à porter ses fruits
auprès des propriétaires les plus fortunés. Le chantier brestois ne
s'est pas seulement fait un nom dans le monde des navires de travail et
du patrimoine. La grande plaisance vient aujourd'hui jusqu'à Brest pour
disposer du savoir-faire et du degré d'exigence d'un chantier arrivé à
Brest de l'Ile aux moines (56) au début des années 1990, pour la
construction de la Recouvrance.
80 tonnes à entrer dans la nouvelle nef
Que
de chemin parcouru en 30 ans ! « Le travail accompli sur les deux 12 m
JI Vanity V (2000), Wings (2007) et autres Runa s'est remarqué et a été
reconnu par le très exigeant milieu du yachting », analyse Louis
Mauffret. Mais c'est aussi la taille de Sumurun qui constitue une
première pour le chantier brestois. 28,60 m pour 80 tonnes. « Même sans
élévateur, les propriétaires acceptent aujourd'hui de nous confier ce
genre de navire. L'arrivée de cet élévateur à Brest sera un accélérateur
exceptionnel ! ». En attendant, la manoeuvre pour sortir de l'eau le
bijou de 80 t et de 103 ans d'âge, n'a pas été une mince affaire. Il a
fallu mobiliser une bonne quinzaine de personnes, deux grues de 300 et
200 tonnes et le chariot 150 t qui a servi à la Recouvrance pour
déplacer le voilier de 3,85 m de tirant d'eau.
Pour éviter qu'il ne bascule sur son chariot, il a fallu souder tout
spécialement de grandes jambes de force avant de libérer les grues.
Chariot et hauteur de coque compris, il ne restait que 50 cm de marge
pour rentrer le tout dans la nouvelle nef du chantier terminée en
septembre.
Flipotage
Autour de 10.000 heures de travail ont été estimées pour effectuer un
méticuleux carénage de la coque. Au programme, retrait de l'antifouling
et du silicone entre les bordés afin d'intercaler, avant la fibre
d'étanchéité, des lames de bois entre les planches de teck (flipotage).
Sur le pont, des modifications importantes sont programmées à l'arrière,
afin de reculer le deuxième mât derrière le poste de barre, le « ketch
marconi » devenant « yawl marconi », avec une bôme de grand mât rallongé
et un bout-dehors entraînant un renforcement des points d'ancrage à
l'avant.
Marque de fabrique
Les nouveaux mâts et bômes seront construits dans le sud de la France,
en raison du délai de chantier. La mise à l'eau est prévue pour cet été.
Ces travaux de très haut niveau ne souffrent d'aucune imprécision. «
Les clients sont exigeants, nous ne lésinons pas sur les heures et rares
sont nos bateaux qui font l'objet de retours prématurés au chantier.
C'est devenu notre marque de fabrique », ajoute Louis Mauffret.
en complément
Après les États-Unis, près de Marseille
Sumurun a été construit dans le célèbre chantier
écossais (William Fife and sons) en 1914. Le grand voilier est
aujourd'hui basé près de Marseille après avoir longtemps navigué aux
États-Unis. Il a été mis en vente en 2016 autour de 4 millions de
dollars. Le propriétaire qui l'a acheté réside en Suisse. Dans ce milieu
de passionnés et de connaisseurs, on ne confie pas à n'importe quel
chantier son bateau. Sud de la France, Angleterre, chantiers du nord de
l'Europe... Vu les budgets (on parle de 1 M€ de travaux pour Sumurun au
Guip) et la qualité du travail demandé, les propriétaires sollicitent
plusieurs chantiers. Et même s'il existe de moins en moins d'endroits
capables de prendre en charge ces bateaux d'exception, la concurrence
reste soutenue. Avant d'entrer en chantier à Brest, son propriétaire en a
profité pour naviguer dans la région et amarrer son voilier quelques
semaines au port du château.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire