Alerte maximale sur les côtes orientales de la
Chine et sur les côtes méridionales du Japon et de la Corée du Nord. Le
pétrolier iranien « Sanchi » qui a coulé dimanche en mer de Chine orientale , a relâché une nappe de pétrole d'environ 100 km2, ont annoncé lundi les autorités japonaises et les médias chinois.
Les
experts comparent cette marée noire à celle causée par l'Exxon Valdez
en Alsaka en mars 1989, ou encore à celle de l'ABT Summer qui avait
déversé 260.000 tonnes de brut au large des côtes de l'Angola en mai
1991.
Le « Sanchi » avait pris feu le
6 janvier au large de Shanghai après être entré en collision avec le
vraquier hongkongais « CF Crystal », alors qu'il faisait route vers la
Corée du Sud. Poussé par des vents violents, il a ensuite dérivé en
direction de la zone économique exclusive (ZEE) japonaise, avant de
sombrer à environ 300 km à l'ouest d'Amami Oshima, dans l'archipel des
Ryukyu dont la principale île est Okinawa (voir ci-dessous).
« La
collision s'est produite près de la zone de pêche de Zhoushan, l'une
des sous-régions les plus riches de mer de Chine orientale et sa plus
grande zone de pêche de Chine », souligne Greenpeace. L'ONG
spécialisée dans la défense de l'environnement rappelle que la mer de
Chine - écosystème connu pour ses baleines, ses tortues de mer et ses
oiseaux marins, est aussi le lieu où 5 millions de tonnes de poisson ont
été pêchées en 2016. Ce qui fait de cette zone une source majeure de
nourriture, en particulier de protéines, pour une grande partie de la
Chine.
Le Sanchi a coulé, facteur aggravant pour la marée noire
Construit
en 2008, exploité par la National Iranian Tanker Co (NITC), qui l'a
enregistré sous pavillon panaméen, le 'Sanchi' transportait 136.000
tonnes de « condensat » - un pétrole brut ultraléger extrêmement
inflammable, pour le compte de Hanwa Total Petrochemical. Après
l'accident, sa cargaison qui représente l'équivalent de 1 million de
barils de pétrole environ, a brûlé pendant une semaine.
Seuls
les corps de trois des 32 membres d'équipage (30 Iraniens et deux
Bangladais) ont été retrouvés peu après l'accident; les 29 autres
membres d'équipage sont présumés morts.
La
nappe de pétrole libérée par l'explosion de la coque du Sanchi a été
repérée dimanche et n'a cessé de s'élargir depuis qu'il a sombré. Elle
s'étend désormais sur une surface de 13 km de long (8 milles nautiques)
et 11 km de large, ont annoncé lundi les gardes-côtes japonais. Une
partie de cette nappe est en feu, ce qui complique les opérations de
nettoyage, mais l'incendie a pu être éteint lundi vers 02h00 GMT,
précisent-ils.
L'équivalent de la marée noire de l'Exxon Valdez
Facteur
aggravant : le pétrolier a fait naufrage avant que la totalité de la
cargaison ait brûlé; ce qui constitue « la pire éventualité possible »,
a déclaré Ma Jun le directeur de l'Institut des affaires publiques
et environnementales au quotidien chinois Global Times. Outre la
cargaison de condensat, il va en effet libérer les mille tonnes de
mazout qui alimentaient ses turbines. Le mazout est considéré comme le
pétrole le plus sale. Il est aussi extrêmement toxique et nocif pour les
organismes marins.
Cet accident constitue « le plus gros rejet de condensats dans la nature de toute l'histoire du pétrole
» confirme de son côté le spécialiste des marées noires Richard Steiner
qui suppose que la totalité de la cargaison a été soit brûlée, soit
répandue en mer. Or, «même si un cinquième seulement de la cargaison
avait été rejeté mer, cela représenterait l'équivalent de la marée
noire de l'Exxon Valdez, qui a dévasté les côtes de l'Alaska en 1989 », explique-t-il à l'AFP.
« Actuellement
on ne sait pas exactement combien de condensat a déversé en mer
jusqu'à présent et comment il est susceptible de se répandre, ce qui
signifie qu'une évaluation complète des risques environnementaux n'est
pas encore possible », remarque de son côté Greenpace .
Jean-Michel Gradt
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