Marseille – Des navires branchés à l’électrique pour lutter contre la pollution
Depuis début 2017, le Grand Port Maritime de
Marseille a mis en place un système de branchement électrique, pour que
les navires de la Méridionale ne brulent plus de combustible quand ils
sont en escale. Nous vous emmenons en reportage.
Et, il y a quelques jours seulement, c’était au tour de la compagnie
Corsica Linea de faire son annonce. Elle équipera trois de ses navires :
Pascal Paoli, Paglia Orba et Jean Nicoli, de système d’alimentation de
courant à quai. Ce projet de Connexion Electrique des Navires A Quai
(CENAQ) a pour objectif de diminuer la pollution de l’air marseillais,
correspondant à l’équivalent d’un million de voitures en moins chaque
année.
En effet, la pollution de l’air reste un problème majeur à Marseille,
où les seuils réglementaires sont souvent dépassés. Parmi les
responsables de cette pollution, les navires en transit à Marseille,
dont l’activité causerait 10 à 15% de la pollution globale dans la
ville. Les cheminées des bateaux sont particulièrement visées car elles
émettent trois polluants (l’oxyde de souffre, l’oxyde d’azote et les
particules fines) qui, couplés au gaz à effet de serre, ont un impact
reconnu sur la santé. Plusieurs solutions ont donc été envisagées pour
améliorer la qualité de l’air. Le
projet CENAQ concerne pour l’instant uniquement la compagnie maritime
corse La Méridionale et ses trois bateaux (Girolata, Piana et Kalliste).
Ici, la potence qui fournit le câble électrique de 11 000 volts à
brancher à l’intérieur du bateau, par la petite ouverture sous le « L ».
Visite d’un navire de la Méridionale
En 2014, le GPMM a investi dans un projet de CENAQ, en partenariat
avec la compagnie maritime corse La Méridionale. Le principe de ce
projet appliqué depuis le 9 janvier 2017 ? Raccorder les bateaux de
commerce amarrés à quai au courant électrique terrestre. En plus de
réduire le bruit et les vibrations dans le navire et son environnement
proche, cela permet l’arrêt des groupes électrogènes du navire sans
couper l’alimentation électrique du bateau. Selon l’organisation Air
Paca, ce système évite en une année l’émission dans l’air de 4300 tonnes
de CO2, soit l’équivalent d’un million de voitures pour un trajet
aller-retour Aix-Marseille ! Les
trois groupes électrogènes, situés dans la salle des machines,
permettent au navire de fonction en totale autonomie énergétique. Ces
groupes sont arrêtés sans danger grâce au branchement CENAQ, géré à bord
par les deux électriciens du bateau.
Allier puissance, performance et enjeu économique
Le CENAQ fonctionne de la manière suivante : le GPMM fournit un
courant électrique terrestre à haute tension de 20 000 volts, qui est
ensuite transformé en courant de 11 000 volts puis distribué au bateau
de la Méridionale qui s’est branché à quai par le biais d’un câble. Les
11 000 volts sont ensuite à nouveau transformés en 380 volts standard à
l’intérieur du bateau. De ce fait, une formation spécifique est demandée
en amont aux électriciens du navire, et de grandes mesures de sécurité
sont prises à bord. Ainsi, lorsqu’ils sont en escale, chaque navire
requiert par jour la puissance de 1,5 mégawatts, soit l’équivalent de la
consommation en électricité de 300 logements. Le
GPMM fournit l’énergie aux armateurs qui ont choisi l’électricité à
quai ; pour l’instant, on ne compte que La Méridionale. Pour les longues
escales hivernales ou les passages fréquents en été, cela pourrait
pourtant offrir une belle alternative écologique …
A ce jour, la GPMM est le premier et le seul port en France à
proposer techniquement ce type d’installation. Des formations
spécifiques sont donc requises pour les électriciens déjà à bord des
navires, et des grandes mesures de sécurité sont prises pendant le
branchement et le débranchement. Ainsi, pas moins de 11 clés de sécurité
sont nécessaires pour mener les unes après les autres différentes
étapes de branchement. Avant l’arrivée du bateau à quai, la potence est
tournée vers l’avant du navire, le câble rembobiné en hauteur, à la
manière des grues. On est loin des 230 volts de nos prises électriques
domestiques ! Le
câble est débranché le soir, vers 18h, après avoir alimenté le navire
en électricité pendant toute une journée. En été, quand les besoins
énergétiques du navire et de son équipage sont plus grands (avec la
climatisation par exemple), le débranchement peut s’effectuer plus tôt.
A l’avenir, l’enjeu pour le GPMM est de développer ces connexions
électriques et proposer des solutions techniques pour les navires et
cargos des lignes internationales, malgré des bateaux aux
fonctionnements tous différents et aux besoins variés. La réalité
économique est à prendre en compte, chaque armateur a ses propres
enjeux. Pour encourager ceux qui veulent passer à l’énergie électrique,
le GPMM propose une aide financière, un peu à la manière d’un bonus
écologique La Corsica Linea pourrait ainsi être la prochaine compagnie à
se laisser séduire par le projet CENAQ ?
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