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VIDÉO. Insolite. Zébulon, l’étrange voilier du docteur Zemb sur plan Herbulot
Zébulon n’est ni le Nautilus de Jules Verne, ni le radeau de la méduse, ni un décor de cinéma. Il navigue vraiment. Son propriétaire et constructeur, Patrick Zemb, médecin lorientais et ancien de l’école des Glénans, s’est inspiré du Manège Enchanté pour baptiser ce très étrange voilier de 7,50 m... sur plan de Jean-Jacques Herbulot, le père des Vaurien, Caravelle, Corsaire et autres Mousquetaire ! Zébulon est un brin de poésie qui navigue vraiment. Voiles et Voiliers a rencontré Patrick Zemb...
Nicolas FICHOT. Modifié le Publié le
Depuis 30 ans ou presque, Zébulon passe l’hiver sur la grève du port du Kernével, dans la rade de Lorient. Et son look bombé au cockpit fermé, avec ses nombreux petits hublots ronds, en intrigue plus d’un. L’œil s’arrête toujours sur ce drôle d’oiseau flottant. « C’est un bateau pirate ? » demandent régulièrement les enfants de passage à leurs parents médusés aussi et souvent bien incapables de trouver la bonne réponse.
Médecin à Lorient et ancien de l’école de voile des Glénans, Patrick Zemb raconte volontiers la genèse de son bateau en quelques mots : « Sous son apparence un peu folle, Zébulon correspond à un cahier des charges très précis. À l’époque, je voulais un voilier sûr et agile. J’avais opté pour une voile latine, un gréement beaucoup plus sûr lui aussi. Je suis allé frapper à la porte de Jean-Jacques Herbulot, le père des Mousquetaires, notamment. L’idée l’intéressait, il m’a fait un plan et on s’est mis à plusieurs pour le construire, sur un chantier de Locmiquélic, dans la rade de Lorient ».
Et de préciser que « pour pouvoir nous échouer facilement, c’était aussi dans le cahier des charges, nous avions demandé deux puits de dérive, avec des dérives en aile d’avion. On passe donc d’un tirant d’eau de 45 cm à 1,75 mètre. Un bateau sûr doit pouvoir remonter au vent par tous temps, c’est sa sécurité dynamique ».
En matière de sécurité dynamique ou passive, toujours à la demande du docteur Zemb, Jean-Jacques Herbulot avait aussi prévu un ballastage amovible sous forme d’une cinquantaine de lingots d’acier d’une vingtaine de kilos recouverts d’inox, tous munis d’une poignée, que l’on déplace d’un caisson à l’autre au besoin, dans l’habitacle !
D’où il ressort notamment qu’avec un vent de force 8 et sous voilure adaptée, Zébulon ne gîte que de 20° en cas de bon matossage des lingots, de 30° dans le cas contraire. En outre les formes naturelles du bateau, avec ce gréement, lui permettraient un redressement automatique en cas de chavirage.
Et entre-temps le plan de pont et le cockpit fermé (pour ne pas dire plus!) lui auront empêché d’embarquer de l’eau...
« Au-dessus de force 3, à toutes les allures ou presque, nous dépassons les bateaux de notre taille. bien plus vite qu’un Mousquetaire de même taille, en tout cas » assure le toubib qui, de toute façon, ne recherchait pas un engin de course. « Au-dessous de force 3, c’est limite mais même par très petit vent, la voile faseye rarement. C’est un gros ‘ plus’ ».
Au chapitre des aménagements intérieurs, deux couchettes fixes ont été installées contre les puits de dérive. « Plus une zone couchage à l’avant. Avec des matelas gonflables, on tient à trois de plus sans problème. »
Toujours par souci d’écologie, les toilettes du bord sont sèches. Et rien d’indispensable ne manque dans la zone-vie de Zébulon, 1,50 mètre de hauteur sous barrots, dans une douce ambiance de cocon éclairé par des rangées de hublots de coque et de roof. Pas ordinaire, décidément, même à l’intérieur, le Zébulon !
Un bateau pirate si on veut. C’est tout ce qu’on veut, si les enfants préfèrent. Mais c’est aussi un voilier, et il navigue très bien« Un bateau pirate si on veut. C’est tout ce qu’on veut, si les enfants préfèrent. Mais c’est aussi un voilier, et il navigue très bien », leur répond indirectement Patrick Zemb, propriétaire et constructeur de ce drôle d’engin.
Un plan Jean-Jacques Herbulot !
Sept couches de lamellé-collé
Nous sommes alors en 1987. En 1989, Zébulon est mis à l’eau. Le docteur Zemb et ses amis, un brins utopiques à l’occasion, ne sont pas uniquement de doux rêveurs. En réalité, Zébulon correspond à un cahier des charges précis. La construction ? « C’est du lamellé-collé. Sept couches. Avec de l’époxy entre chaque couche. Et deux ou trois couches de fibre de verre dessous. Ça tient très bien depuis 30 ans ! » .En matière de sécurité dynamique ou passive, toujours à la demande du docteur Zemb, Jean-Jacques Herbulot avait aussi prévu un ballastage amovible sous forme d’une cinquantaine de lingots d’acier d’une vingtaine de kilos recouverts d’inox, tous munis d’une poignée, que l’on déplace d’un caisson à l’autre au besoin, dans l’habitacle !
Redressement automatique
Ancien de l’école de l’Archipel et ingénieur dans l’âme, Patrick Zemb a fait établir à l’époque, avec l’architecte, des courbes de redressement du voilier muni de son gréement lui aussi pas ordinaire.D’où il ressort notamment qu’avec un vent de force 8 et sous voilure adaptée, Zébulon ne gîte que de 20° en cas de bon matossage des lingots, de 30° dans le cas contraire. En outre les formes naturelles du bateau, avec ce gréement, lui permettraient un redressement automatique en cas de chavirage.
On a des vitesses de déplacement mieux qu’honorablesEn cas de chavirage aussi, les risques de démâtage seraient réduits puisque le mât, taillé dans un bambou thaïlandais, ne mesure que 5,50 mètres et n’a pas de barres de flèche. L’antenne du gréement latin, longue de 8,75 mètres, aura été elle solidement assurée sur le pont à l’arrivée du très mauvais temps, tandis qu’une « suédoise » aura été envoyée sur le mât. Sinon, la voile latine de 23 m², à deux bandes de ris, assure à Zébulon des vitesses de déplacement plus qu’honorables.
Il fait très bien l’affaire !Zébulon ne fut pas motorisé à ses premières heures. Il l’est maintenant, avec un hors-bord de 6 chevaux à arbre d’hélice extra-long installé dans un puits dans le cockpit : « Il fait très bien l’affaire ! ».
Au chapitre des aménagements intérieurs, deux couchettes fixes ont été installées contre les puits de dérive. « Plus une zone couchage à l’avant. Avec des matelas gonflables, on tient à trois de plus sans problème. »
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