Piet et Staf Wittevrongel, deux Belges à la retraite, se sont lancé un pari fou : retaper l'Askoy II, le voilier qui a mené Jacques Brel aux Marquises.
Maquette de l'Askoy II © CB
Deux géants belges
C’est dans un hangar de Zeebruges, le port de Bruges en Belgique, que Piet et Staf, les deux frères Wiettevrongel, passent le plus clair de leur temps. Ces deux géants de 70 et 78 ans mesurant respectivement 2 mètres et 2 mètres 5 se sont lancés dans une aventure folle : retaper l’Askoy II. Cet immense voilier a mené Jacques Brel aux îles Marquises.
Jacques Brel aux Marquises © NC la 1ère
La voilerie Wittevrongel
Tout a commencé par une rencontre. En 1974, Jacques Brel entre dans la boutique familiale des Wittevrongel. Le chanteur incognito vient commander des voiles. Staf Wittevrongel qui dirigeait l’entreprise s’en souvient comme si c’était hier : "Au début, je ne le prenais pas au sérieux. D’ailleurs je ne l’avais pas reconnu. Il me disait : "je veux faire un tour du monde avec l’Askoy II".En mon for intérieur, je pensais, il est fou, ce bateau est trop lourd pour lui.
"Et puis, il s’est présenté. Il m’a dit : je suis celui que tous les Flamands veulent tuer (NDLR les relations de Jacques Brel qui chantait en Français avec la Flandre dont il était originaire étaient complexes). Nous avons fait affaire", conclut Staf Wittevrongel.
Portrait de Jacques Brel devant un hangar à Zeebruges © CB
Un chemin de croix
Staf reste toujours étonné et admiratif du parcours de Jacques Brel en mer. "Comment cet homme malade et sa compagne Maddly Bamy qui est si fine et pas très grande ont pu mener à deux l’Askoy II jusqu’aux Marquises ?" se demande-t-il.Cette croisière a dû être un chemin de croix
Staf Wittevrongel précise que le bateau mesure 19 mètres de long sur 5 mètres de large pour un poids de 42 tonnes.
Jacques Brel aux Marquises © DR
Vente du bateau
Une fois arrivé aux Marquises, Jacques Brel épuisé par sa traversée en mer et ses graves problèmes de santé cherche à vendre son bateau. C’est un jeune couple d’Américains, un peu hippies qui en font l’acquisition en 1976 pour une somme symbolique. Le voilier est ensuite revendu à un marin "trader" en poisson.
Carte postale des Marquises envoyée par Jacques Brel aux Wittevrongel © DR
Carte postale envoyée par Jacques Brel © CB
Sauvetage de l'Askoy II en Nouvelle-Zélande © Save Askoy II
Une plage en Nouvelle-Zélande
Par la suite, un aventurier, trafiquant de drogue récupère le voilier. Il se fait "pincer" avec 10 tonnes de cannabis. L'Askoy II est arraisonné puis abandonné aux Fidji où il commence à dépérir. Un journaliste neo-zélandais Lindsay Wright décide alors de racheter l’Askoy II aux enchères. Il prend la mer vers son pays, mais se fait surprendre par une tempête. Le voilier finit échoué sur une plage du nord de la Nouvelle-Zélande.Reconnaissance
Pendant de longues années, l’Askoy II s’ensable, oublié de tous. Grâce à une exposition organisée à Bruxelles à l’occasion des 25 ans de la mort de Jacques Brel, les frères Wittevrongel apprennent que le voilier est ainsi abandonné. En 2005, ils partent en reconnaissance pour voir s’il est possible de rapatrier l’épave.
Blankenberge (Belgique) dont les frères Wittevrongel sont originaires © CB
Retour en Belgique
A force d’obstination, Piet et Staf parviennent à faire désensabler l’épave. Grâce à un armateur, le voilier est embarqué gratuitement sur un porte-conteneur. Il arrive à Ostende dans le nord de la Belgique en 2008. Après de nombreuses péripéties, le bateau atterrit à Zeebruges dans un hangar. C’est là qu’en ce moment un menuisier de 81 ans Michel Vandeputte travaille chaque matin pour aménager l’intérieur du voilier.
Michel Vandeputte, menuisier restaure l'Askoy II dans un hangar de Zeebruges © EMMANUEL DUNAND / AFP
Hiva Oa où repose la dépouille de Jacques Brel © AFP/ ANTOINE LORGNIER / ONLY FRANCE
Inconditionnel fan
Après ces longues années à reconstruire l'Askoy II, Piet et Staf rêvent de voyage. Ils aimeraient pouvoir loger à bord un équipage de dix personnes, de préférence des jeunes en difficulté d’insertion, "mais on n’est pas contre les bourgeois", lance Piet Wittevrongel en souvenir d’une chanson de Jacques Brel dont il demeure un inconditionnel fan.
Piet Wittevrongel © CB
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