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Un canot d’aujourd’hui




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L’aménagement intérieur, raffiné dans sa simplicité, du canot de 4,10 m entièrement verni. De part et d’autre du banc d’étambrai, on remarque un cabillot de drisse en laiton. Les deux bancs de nage épontillés, appuyés sur la serre, sont soutenus par deux jolies courbes verticales. L’écoute de misaine passe par un taquet en sifflet et peut se tourner au cabillot qui traverse l’étambot. A l’arrière, on a aménagé un petit coffre. Derrière la guirlande d’étrave, on aperçoit un petit pontet métallique qui servira à assurer la bosse d’amure de la voile. Le calfatage est assuré par un simple fil de coton sans brai. La photo de détail témoigne de la légèreté de la construction à membrures ployées.

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Grand amateur de pêche et de chasse, Georges Jézéquel a toujours eu un petit canot pour fouiller la baie de Morlaix qu’il connaît comme sa poche. Voici quelques mois, le constructeur de Carantec avait commencé à tailler une demi-coque, histoire de mettre au clair quelques idées qui lui trottaient dans la tête pour son futur canot : un bateau qui devrait marcher à la voile, au moteur et à l’aviron, sans tirant d’eau … Il aurait donc des façons avant fines et un arrière porteur, un brion bien arrondi et dégagé pour venir échouer à la côte sans crocher par l’avant, donc sans s’exposer à se mettre en travers et risquer de se faire rouler. Enfin il fallait qu’il soit raisonnablement léger, mais cela allait de soi : dans la famille, on a toujours construit fin!

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Jojo et son fils Alain se mirent donc à la tâche. C’est toujours agréable de travailler pour soi. Étrave et quille en iroko, marsoin avant et étambot en chêne pour avoir une belle courbe de fil, bordés en acajou de 13 mm, varangues en chêne, membrures ployées en acacia de 18 mm rivées cuivre, avec une maille de 12 cm, deux petites quilles d’échouage. Tout cela prenait bonne tournure. Le devis de poids avait été bien calculé: 150 kg en ordre de marche, pour une longueur de 4,10 m. On en était aux finitions, à tous ces détails qui signent la qualité d’une construction: la fine baguette de laiton qui court sur l’arête de l’étrave, de la tête au brion, les quatre dames de nage et les deux chaumards avant en bronze, les deux taquets d’écoute en chêne taillés en sifflet, l’étambrai circulaire découpé au millimètre dans le premier banc, où viendra s’ajuster parfaitement le mât en spruce verni, garni de cuir à cet endroit. Le pied de mât, lui, s’encastrerait dans une emplanture d’inox vissée dans la quille.

Un joli canot.2

C’est peut-être à ce moment-là qu’est arrivé le client. Un plaisancier qui passe ses vacances à deux pas, et qui connaît bien la maison puisqu’il navigue depuis des années sur un 8,30 m du chantier. Quand il a vu le canot, un vrai choc.

Que faire ? Renoncer à ses rêves de pêcheur, se dire que le canot neuf ce serait pour plus tard ! Les deux hommes se sont remis à l’ouvrage. Un simple fil de coton sec pour le calfatage, un ponçage soigneux et le bateau était prêt pour sa première couche – « très diluée, hein », précise Jojo Jézéquel – de vernis hollandais Heeren. Au bout de dix épaisseurs, passées à suivre, très vite, sans poncer, alors que la couche précédente colle encore au doigt, le canot est fini. Un vrai bijou. Au point que deux autres commandes sont arrivées très vite: rien ne dit que les Jézéquel navigueront un jour sur ce bateau qu’ils avaient rêvé pour eux !

Un joli canot.5

A la godille ou à l’aviron, le petit canot se déplace sans effort. Gréé d’une voile au tiers de 8 m², taillée par Ewen de Kergariou, le voilier de Henvic, il marche honorablement à la voile, remonte correctement au près, vire sans peine et file comme un lièvre aux allures de largue. Sur option, pour ceux qui veulent le faire marcher surtout à la voile, les constructeurs envisagent tout de même une dérive-sabre dont le puits déporté serait installé le long de la quille. En pêche, ses formes porteuses autorisent un homme à se tenir debout et à remonter un trémail chargé d’eau et de goémon, sans enfoncer de l’arrière. Une petite astuce permet au bateau d’être tiré au sec facilement: la bande molle n’est pas en métal. A la place, les charpentiers de Carantec ont suivi les conseils d’un marin-pêcheur du coin qui utilisait depuis quelques années le nylon. Oui, le nylon, une bande de matière plastique de 15 mm, à la fois souple et très résistante, qui se scie, se rabote, se perce sans difficulté particulière. « C’est inusable » affirment-ils. Autre avantage: sur les galets mouillés, le bateau glisse sans effort!

Un joli canot.3
Les caractéristiques du canot sont les suivantes: longueur 4,10 m; largeur 1,60 m; tirant d’eau 0,30 m; poids 150 kg. Deux réserves de flottabilité peuvent être installées (dissimulées dans un entoilage) sous les bancs longitudinaux arrière. Voile au tiers en tergal: 8 m².

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