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16 juin 1896 : le Drummond-Castle fait naufrage
"Qui voit Molène voit sa peine, qui voit Ouessant voit son sang…"
Le 16 juin 1896, le Drummond Castle, un vapeur de 110 mètres appartenant à la compagnie britannique Castle Line, transportant du fret et des passagers, arrive au large de la pointe bretonne, dans le secteur des Iles du Ponant, entre Molène et Ouessant. Il a quitté Le Cap en Afrique du Sud le 29 mai et fait route vers Londres. C’est dans la soirée que le drame survint. Naviguant dans un brouillard intense, le capitaine, pensant avoir doublé Ouessant plus au nord, mit le cap sur ce qu’il croyait être le phare du Créac'h. En fait, il se dirigeait droit sur le récif des Pierre-Vertes, à l’entrée du passage du Fromveur, à l’ouest de l’archipel de Molène.
Le 16 juin 1896, le Drummond Castle, un vapeur de 110 mètres appartenant à la compagnie britannique Castle Line, transportant du fret et des passagers, arrive au large de la pointe bretonne, dans le secteur des Iles du Ponant, entre Molène et Ouessant. Il a quitté Le Cap en Afrique du Sud le 29 mai et fait route vers Londres. C’est dans la soirée que le drame survint. Naviguant dans un brouillard intense, le capitaine, pensant avoir doublé Ouessant plus au nord, mit le cap sur ce qu’il croyait être le phare du Créac'h. En fait, il se dirigeait droit sur le récif des Pierre-Vertes, à l’entrée du passage du Fromveur, à l’ouest de l’archipel de Molène.
Le steamer Drummond Castle in Le Monde illustré du 27 juin 1896, p.444
Peu avant 23 heures, le navire heurta un récif. La coque fut déchirée sur toute sa longueur et l’avant du navire commença à s’enfoncer. Faute de double-fond, l’eau s’engouffra rapidement à l’intérieur du paquebot : en moins de cinq minutes le bateau sombra, emportant avec lui 248 personnes, hommes d’équipage et passagers, britanniques pour la plupart. Au matin et pendant plusieurs semaines, tous les navires des environs se dévouèrent pour repêcher les corps rendus par la mer. À Ouessant et Molène, des chapelles ardentes furent dressées et les corps inhumés dans des cercueils ou, faute de bois, dans de simples linceuls confectionnés dans des draps. Seules trois personnes purent être sauvées et une centaine de corps fut retrouvée. Vingt-neuf victimes furent inhumées à Ladanez-Molène, un îlot en face de Molène, dans ce que l’on appelle aujourd’hui le cimetière des Anglais.
Carte particulière d'une partie de la côte du sud de Bretagne qui prend depuis la rivière de Quimper jusqu'au Conquet, vû dans le temps de la basse mer de vive eaux, 1758
En Angleterre, l’émotion fut considérable. Pour exprimer sa gratitude envers les habitants d’Ouessant, de Molène, de Camaret, de Brest, du Conquet et de Ploudalmézeau, qui avaient participé aux recherches et avaient montré beaucoup de dévouement envers les victimes, la presse britannique lança une souscription nationale qui fut un succès. De son côté, la reine Victoria versa une aide financière aux populations bretonnes et fit graver des médailles commémoratives en l’honneur des sauveteurs. Elle offrit à Molène un calice en vermeil orné de pierres fines et précieuses, une horloge indiquant l’heure solaire et finança la construction d’une citerne pour conserver l’eau douce. L’île d’Ouessant pu terminer la construction du clocher de l’église Saint-Pol-Aurélien et y ériger une flèche, tandis que la commune de Ploudalmézeau reçut la somme de cinq mille francs pour la construction d’un nouveau quai et le réaménagement du port de Portsall.
Les Grands Naufrages, drames de la mer, par Henri de Noussanne, Paris : Hachette, 1903
En France, la presse nationale se fit l’écho de ce drame. Les grands quotidiens de l’époque comme Le Petit journal, le Petit parisien, Le Figaro, La Croix, Le Matin, Le journal, ou Le Monde illustré couvrirent l’événement.
La mer d’Iroise est une des zones maritimes les plus dangereuses d’Europe. Parsemée d’écueils et de puissants courants, elle fut le théâtre de nombreux naufrages ; entre 1891 et 1896, on comptabilisa pour les seules Pierre-Vertes une quinzaine de naufrages, et dans le passage du Fromveur, 30 navires sombrèrent entre 1888 et 1904.
Le Petit Parisien. Supplément illustré du 5 juillet 1896
La catastrophe du Drummond-Castle incita la Commission des phares à améliorer le balisage dans cette zone. C’est ainsi qu’en 1904 fut décidé la construction d’un phare à l’entrée du Fromveur, sur le récif d’Ar Gazeg, appelé « La Jument ». Sa construction, effectuée dans des conditions extrêmement difficile, dura sept années. Après Le Stiff allumé en 1700 et Le Créac’h en 1863, La Jument est le troisième phare à baliser la zone d’Ouessant. Deux autres édifices seront construits plus tard, Kéréon en 1907 et Nividic en 1912.
Peu avant 23 heures, le navire heurta un récif. La coque fut déchirée sur toute sa longueur et l’avant du navire commença à s’enfoncer. Faute de double-fond, l’eau s’engouffra rapidement à l’intérieur du paquebot : en moins de cinq minutes le bateau sombra, emportant avec lui 248 personnes, hommes d’équipage et passagers, britanniques pour la plupart. Au matin et pendant plusieurs semaines, tous les navires des environs se dévouèrent pour repêcher les corps rendus par la mer. À Ouessant et Molène, des chapelles ardentes furent dressées et les corps inhumés dans des cercueils ou, faute de bois, dans de simples linceuls confectionnés dans des draps. Seules trois personnes purent être sauvées et une centaine de corps fut retrouvée. Vingt-neuf victimes furent inhumées à Ladanez-Molène, un îlot en face de Molène, dans ce que l’on appelle aujourd’hui le cimetière des Anglais.
Carte particulière d'une partie de la côte du sud de Bretagne qui prend depuis la rivière de Quimper jusqu'au Conquet, vû dans le temps de la basse mer de vive eaux, 1758
En Angleterre, l’émotion fut considérable. Pour exprimer sa gratitude envers les habitants d’Ouessant, de Molène, de Camaret, de Brest, du Conquet et de Ploudalmézeau, qui avaient participé aux recherches et avaient montré beaucoup de dévouement envers les victimes, la presse britannique lança une souscription nationale qui fut un succès. De son côté, la reine Victoria versa une aide financière aux populations bretonnes et fit graver des médailles commémoratives en l’honneur des sauveteurs. Elle offrit à Molène un calice en vermeil orné de pierres fines et précieuses, une horloge indiquant l’heure solaire et finança la construction d’une citerne pour conserver l’eau douce. L’île d’Ouessant pu terminer la construction du clocher de l’église Saint-Pol-Aurélien et y ériger une flèche, tandis que la commune de Ploudalmézeau reçut la somme de cinq mille francs pour la construction d’un nouveau quai et le réaménagement du port de Portsall.
Les Grands Naufrages, drames de la mer, par Henri de Noussanne, Paris : Hachette, 1903
En France, la presse nationale se fit l’écho de ce drame. Les grands quotidiens de l’époque comme Le Petit journal, le Petit parisien, Le Figaro, La Croix, Le Matin, Le journal, ou Le Monde illustré couvrirent l’événement.
La mer d’Iroise est une des zones maritimes les plus dangereuses d’Europe. Parsemée d’écueils et de puissants courants, elle fut le théâtre de nombreux naufrages ; entre 1891 et 1896, on comptabilisa pour les seules Pierre-Vertes une quinzaine de naufrages, et dans le passage du Fromveur, 30 navires sombrèrent entre 1888 et 1904.
Le Petit Parisien. Supplément illustré du 5 juillet 1896
La catastrophe du Drummond-Castle incita la Commission des phares à améliorer le balisage dans cette zone. C’est ainsi qu’en 1904 fut décidé la construction d’un phare à l’entrée du Fromveur, sur le récif d’Ar Gazeg, appelé « La Jument ». Sa construction, effectuée dans des conditions extrêmement difficile, dura sept années. Après Le Stiff allumé en 1700 et Le Créac’h en 1863, La Jument est le troisième phare à baliser la zone d’Ouessant. Deux autres édifices seront construits plus tard, Kéréon en 1907 et Nividic en 1912.
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