un bateau propulsé grâce aux déchets



Pour l'équipe de Plastic odyssey, les déchets constituent une ressource. Ils vont le démontrer au cours d'un tour du monde sur un bateau propulsé grâce aux débris plastiques.


Simon Bertrand et son équipe vont transformer ces deux coques de Tornado en démonstrateur. (©Le Progrès / Le Courrier.)
À Concarneau, le projet Plastic Odissey a pour objet de valoriser les déchets plastiques.
Prenez 60 kg de plastiques et mettez-les dans une unité de pyrolyse. Ces déchets sont broyés et chauffés à plus de 430 ° avant de passer par un catalyseur et des tubes de condensation. Trois heures plus tard, vous obtenez… 45 litres de diesel et 15 litres d’essence ! Ceci n’est pas un tour de magie mais de la pyrolyse. Cette technologie sera au cœur de Plastic Odyssey. Ce projet commence à prendre forme sur le port de Concarneau, au sein du Fonds Explore (Roland Jourdain).

Construction d’un bateau

Le Trégunois Simon Bernard en est à l’origine. Après une formation d’officier au sein de l’École nationale supérieure maritime, le jeune homme a décidé de monter Plastic Odyssey. La participation à l’expédition Nomades de mers (aussi hébergée par Explore) a constitué un déclencheur. Nomade des mers expérimente des low tech*, à bord d’un bateau à travers le monde. Simon Bernard se souvient :
Au cours d’une escale à Dakar, j’ai été choqué par les montagnes de déchets sur le littoral.
L’idée de monter sa propre expédition sur le thème de la valorisation des déchets plastiques a émergé. Elle a séduit Alexandre Dechelotte, Benjamin de Molliens et Bob Vrignaud.

Un catamaran de 24 m sillonnera la planète. (©Plastic odyssey)
Les quatre hommes travaillent depuis janvier 2018 à plein-temps sur Plastic Odyssey. Actuellement, ils se consacrent à la construction d’un bateau de 6 m. Ce bateau constituera un démonstrateur et sera équipé d’une petite unité de pyrolyse. Après un baptême mi-juin dans la ville bleue, Ulysse prendra la mer. Ou plutôt la route jusqu’à Annecy où se tient un salon des technologies vertes. Il naviguera ensuite en Méditerranée et en Atlantique.
Le but ? « Faire parler de notre projet, montrer le potentiel de la pyrolyse et d’autres low tech pour valoriser le plastique, et trouver des partenaires », énumère Simon Bernard, 26 ans. Cette première phase coûtera 300 000 euros. Les deux tiers du budget ont été bouclés grâce au Crédit agricole et Clarins. La seconde phase sera beaucoup plus onéreuse : 13 millions d’euros. Les années 2018 et 2019 seront consacrées à monter l’expédition et développer les trois machines : le capteur optique pour trier les plastiques, l’unité de pyrolyse et le système permettant de valoriser le plastique en les transformant en tuile, tube, brique…

Une expédition de trois ans

Pour ces trois machines, Plastic Odyssey monte des consortiums réunissant des spécialistes de l’optique, du plastique, du recyclage…
Nous nous appuyons aussi sur l’open source. Le défi est de fabriquer des machines fiables, faciles à réparer et à moindre coût… Car le but est bien de diffuser ces technologies auprès d’entrepreneurs, de collectivités…
Un catamaran de 24 m sera affrété et aménagé pour une expédition de trois ans qui partira de Marseille en novembre 2019. Il effectuera une vingtaine d’escales sur les côtes d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie. Ces points de chute n’ont pas été choisis par hasard. Des associations, collectivités, particuliers essayent d’y développer des actions de recyclage du plastique. Ils seront chargés de collecter des plastiques en amont.
L’équipe de Plastic Odyssey montrera, grâce à ses trois machines, que le plastique peut devenir une ressource et une activité économique. « Il nous faudra aussi à chaque escale produire notre essence pour la prochaine navigation ! Notre défi est de réussir à naviguer uniquement avec de l’essence issue de la pyrolyse du plastique », insiste Simon Bernard. Le public pourra suivre le périple, les déchets ramassés, valorisés… Les aventuriers espèrent également découvrir d’autres techniques de valorisation du plastique.
*Les low tech, par opposition à high-tech, sont un ensemble de techniques simples, pratiques, économiques et populaires.
Paris Match a résumé cette expédition dans une vidéo à voir sur Youtube:

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