la mignole ardennaise



  Son nom peut évoquer l'horticulture galante selon Pierre de Ronsard. Pourtant ce bateau n'est pas né sur les bords de Loire, du côté du petit Liré, mais sur la Meuse, du temps où celle-ci arrosait la France et la Prusse.
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Laure en route pour le Pardon de la Batellerie de Marchienne, en 2006. (Photo Bernard Mercier)

Une demi-douzaine de noms pour un bateau

C'est pourquoi, dans certains documents administratifs, l'on peut voir la mignole désignée sous le terme de "bateau prussien" (1) ou "meusien". À ces qualificatifs, les mariniers, cependant, préfèreront ceux d'"ardennais", "meusan", "herna" ou "sambresse" . Ainsi, "mignole", "ardennais", "meusan", "meusien" ou "prussien" désignent-ils tous le même bateau.
On trouve aussi parfois l'appellation de "cailloutier", qui en dit long sur le genre de fret transporté ordinairement par ce bateau.
À entendre ce nom de "mignole", à la consonance si poétique, l'on s'attend à découvrir une embarcation au charme certain. Et l'on n'a pas tort. La "Meuse endormeuse" chère à Péguy a bel et bien engendré un type de bateau d'une rare élégance, dont la forme "en banane" n'est pas sans rappeler le chaland de Loire tel qu'il fut construit jusqu'au XVIIIe siècle, avec ses levées avant et arrière. Cette forme perdurera jusque dans les derniers modèles construits dans les années 1950, automoteurs métalliques au gabarit "Freycinet" (2).

schémas
Sur ce document de l'ouvrage de l'ingénieur De Mas (1899), le profil de la mignole apparaît sous la dénomination de "bateau prussien". (Coll. de l'auteur)

Des levées très prononcées

Ses levées avant et arrière, qui lui donnent une allure amphidrome, trahissent chez la mignole son origine purement fluviale : aux temps anciens où les rivières étaient sommairement aménagées, l'on s'amarrait souvent perpendiculairement à la rive constituée par une plage ou une grève en pente douce, pour décharger le fret en s'échouant à moitié. La chose eut été impossible avec une étrave maritime. Ces levées voient se réunir la sole (3) fortement cambrée, plus que la spatule d'un ski qu'elle peut évoquer, et les deux bordés (4) également ployés à l'eau et au feu. Cause ou conséquence du fort relevage de la sole, qui peut tangenter, voire dépasser la verticale, les bordés sont évasés. L'ensemble bordés et sole, autant à l'arrière qu'à l'avant, est maintenu par de forts étriers métalliques dont les mariniers meusans feront une décoration caractéristique. Cette originalité artistique ne disparaîtra qu'avec l'avènement de la construction métallique.
Reims
Une mignole vue de l'arrière sur le canal de l'Aisne à la Marne, à Reims. Remarquer les étriers en fer forgé, et la servante en deux parties jumelles. (CPA Coll. de l'auteur)

Un gouvernail caractéristique

La forte cambrure de la levée arrière rend difficile l'installation d'un gouvernail axial à ferrures, pour lequel un tableau arrière tendant à la verticalité serait plus approprié. Aussi la mèche verticale plonge-t-elle à travers cette levée pour en ressortir un peu au-dessus du niveau de la ligne de flottaison, bateau chargé, et recevoir alors le safran, rectangulaire avec une compensation triangulaire que permet justement la levée. Par cette disposition, ce gouvernail rappelle fortement celui des coches d'eau en service sur la Seine et l'Yonne jusqu'à l'avènement du chemin de fer. Il en diffère toutefois par un détail constitutif absolument spécifique à la mignole : une longue pièce de bois courbe, qui sera plus tard dédoublée, relie l'extrémité du safran à la tête de la mèche, et se prolonge au-dessus de l'amintot (5) sur une longueur presque égale à ce dernier, auquel elle est reliée par un court et robuste filin. L'on n'est pas en mesure d'apporter une explication satisfaisante sur l'utilité de ce montage, nommé servante. Il se peut qu'il s'agisse d'un organe de réglage de l'inclinaison du safran. Plus vraisemblablement ce pourrait être un système permettant d'alléger le poids de l'amintot, et de soulager ainsi la tête de la mèche. En même temps, on peut imaginer qu'il puisse servir à régler la hauteur du timon de façon à ce que le timonier, juché sur un trinquet (6) , ait toujours une vue suffisamment dégagée dans le cas où le bateau est chargé en combles (7). Parfois la servante ne d épasse pas la mèche du gouvernail : il se peut dans ce cas qu'elle ne serve qu'à fournir un soutien supplémentaire au safran, en solidarisant l'ensemble mèche-servante-safran.
Duwoos
Au début du XXe siècle, l'architecte et constructeur naval Duwoos, à Rouen, exécute systématiquement des relevés et plans des bateaux fluviaux du nord de la France. Voici son plan de mignole ardennaise. Les dimensions qu'il mentionne, 34,70 m sur 4,80 m, ne représentent pas un standard. Cependant, la conception du gouvernail ne permet pas à la coque d'atteindre les 38,50 m autorisés par le gabarit Freycinet. Les flans sont évasés, il s'agit d'un modèle de transition entre le bateau purement de rivière et le bateau de canal.

Une origine incertaine

Comme pour la plupart des bateaux, l'origine de la mignole reste obscure. La famille des bateaux meusans comprend aussi des unités plus petites comme la barque de Meuse, qui n'est pas sans évoquer le weidling du haut-Rhin ou même le fûtreau de la Loire, à ce détail près que ce dernier est assemblé à clins et non à francs-bords. Bien sûr, la barque de Meuse et la mignole appartiennent à la même famille, comme le dauphin est apparenté à la baleine. Un autre gros bateau de charge du même bassin, la bricole de la Sarre, appartient aussi à cette famille qui a peut-être pour lointain ancêtre le scute, ce bateau que l'on retrouve, sous différentes formes, dans toute l'Europe fluviale de l'ouest et du nord, du Portugal à la Neva.

Quelques généralités sur la genèse des bateaux

De la même façon que les animalcules unicellulaires de l'ère primaire sont devenus, par évolutions, adaptations et croisements, des êtres aussi différents qu'un papillon, une baleine franche ou Nicolas Sarkozy (eh oui, c'est dur à admettre, mais c'est comme ça...), tous les bateaux, qu'ils soient fluviaux, lacustres ou maritimes, tous, du kayak au "Charles de Gaulle", du patilé indien au tjalk néerlandais, ont pour ancêtres soit une pirogue monoxyle (pour la plupart), soit un bateau fait de roseaux assemblés, soit un assemblage d'écorces ou de peaux sur un "squelette" de branches ou d'os, soit un radeau fait d'outres gonflées. L'extrême diversité des milieux où durent travailler ces embarcations, les contraintes liées aux cours d'eau ou à la mer, les ressources locales en matériaux, l'usage et la finalité, eux-mêmes liés à l'économie et au commerce, sans omettre les inévitables échanges et emprunts technologiques d'une région à l'autre, d'une culture à l'autre, tout ce qui constitue le terrain d'étude de l'ethnologie nautique suffit à expliquer pourquoi, parmi tous les modes de transport, le bateau est celui qui présente la plus extrême variété de tailles, de formes, de matériaux et d'usages.

La mignole à travers l'iconographie ancienne

Le scute, ancêtre supposé ou avéré de nombreux bateaux européens, est lui-même un fruit de cette évolution, un simple maillon dans cette chaîne évolutive, une branche dans le gigantesque arbre généalogique des bateaux (8). Ceci nous ramène à la Meuse et à notre mignole.
Valkenborg_XVIe
Dans cette vue de Huy au XVIe siècle par le peintre flamand Lucas van Valkenborg, apparaît toute une activité liée à la rivière : forges, moulins à eau, déchargement de bateaux… (Musée des Beaux-Arts d'Anvers)

À part sur les toiles du flamand Lucas van Valkenborg au XVIe siècle, les représentations anciennes de la Meuse et de ses mignoles ne brillent pas par leur qualité documentaire. L'intérêt des artistes se porte plutôt sur le paysage, et surtout sur les fortifications des cités riveraines.

Bouvines_Chastillon_1648
Chastillon, lorsqu'il dessine Bouvines en 1648, ne se pose guère en peintre de marine ! La représentation des bateaux de la Meuse, réduits à de simples poncifs, n'est pas son souci premier (Cabinet des estampes de Bruxelles - cfr 125)
Quand le Français Chastillon dessine Bouvines en 1648, ses bateaux meusans sont plus que sommairement esquissés, dépourvus de gouvernail. Ils tiennent plus du poncif ou du dessin enfantin que de la représentation réaliste. En revanche, quand l'artiste allemand Bodenehr grave au XVIIIe siècle une vue de Dinant, nous sommes en présence de nefs déjà mieux différenciées, avec leurs deux levées, leur cabine arrière, leur voile carrée et un gouvernail tout juste esquissé. Toutefois, ces bateaux sortis de leur contexte, on pourrait croire à la représentation de chalands de Loire de la même époque.
Bodenehr_XVIIIe_Dinant
Bien plus réaliste, le graveur allemand Bodenehr nous propose cette vue de Dinant, au XVIIIe siècle, que l'on reconnaît bien à sa célèbre cathédrale Notre-Dame. Les mignoles y sont nombreuses de part et d'autre du pont de pierre. (Cabinet des estampes de Bruxelles - cfr 128)
C'est la première moitié du XIXe siècle qui nous offre les plus belles représentations de mignoles anciennes. La vision romantique de la rivière, qui s'exprime à souhait dans la technique, alors nouvelle, de la lithographie (9), n'exclut absolument pas le souci du détail réaliste.
De_Goer_Liège_XIXe
Cette vue de Liège par De Goer dans la première moitié du XIXe siècle présente plusieurs mignoles aisément identifiables. Les servantes des gouvernails, notamment, sont bien visibles. À l'arrière-plan, le pont des Arches. Bibliothèque de l'Université de Liège.
Parmi tous les artistes de cette époque, soulignons particulièrement Paul Lauters et la série de dessins des bords de Meuse qu'il exécuta en 1839.
Lauters1_1839
En 1839, Paul Lauters a dessiné une série de forts beaux dessins de la Meuse. Ces documents sont très précieux pour connaître les bateaux de cette époque. Ces trois mignoles sont vues à Anhée, sous le château de Poilvache. (Cabinet des estampes de Bruxelles - cfr 126)

L'on y distingue nettement des bateaux aux formes bien pleines, avec des levées néanmoins élancées. La coque mesure dans les 15 mètres de long sur 3 à 4 mètres de large. On peut estimer son tirant d'eau, à vide, à une trentaine de centimètres.

Lauters2_1839_Namur
Paul Lauters nous présente ici Namur, vue des rives de la rivière. Ses mignoles sont très finement observées avec tous leurs éléments caractéristiques. Au premier plan, il nous montre un chantier. Un bateau en réparation semble être un coche, au vu de sa longue cabine percée de quatre fenêtres latérales. (Cabinet des estampes de Bruxelles - cfr 120)
Certains modèles sont des coches, reconnaissables à leur longue cabane percée de fenêtres carrées. Carrée aussi est la voile, semblable à celle du chaland de Loire contemporain. Le mât approche les douze mètres, et est dépourvu de girouette, à l'inverse du bateau de Loire.
Lauters3_1839_Chokier
Encore une très belle vue de trois mignoles sous le château de Chokier, due au talent de Paul Lauters. Celle du centre, équipée d'une grande cabane, est vraisemblablement un coche de voyageurs. (Cabinet des estampes de Bruxelles - cfr 104)
Lauters ne nous renseigne pas sur le système de maintien de ce mât, et n'est guère plus précis sur son haubanage. En revanche, le fameux gouvernail avec sa servante apparaît sans ambiguïté, bien caractéristique de la mignole qu'il est dès lors impossible de confondre avec autre chose. La complexité de ce gouvernail ainsi que son caractère non amovible excluent que la mignole remonte la Meuse groupée en trains comme sur la Loire.
Dinant_LithoGB_XIXe
Nous sommes ici à Dinant, dont on voit le pont de pierre à péage. Cette vue du début du XIXe siècle présente tout à fait à gauche une belle barque de Meuse, petite sœur de la mignole, ainsi qu'une grande barque derrière la charrette. Peut-être s'agit-il d'un chargement ou d'un déchargement de marchandises. La barque ne semble pas équipée pour de longs voyages : ni mature, ni cabane…( Litho  anglaise anonyme)
Boys-Avroy-1838
C'est à un nommé Boys que l'on doit cette très belle lithographie où l'on voit deux mignoles stationnées devant l'église des Augustins en Avroy, à Liège en 1838. Remarquer les servantes bien visibles. (Bibliothèque de l'Université de Liège)

La mignole de canal

La Meuse est canalisée en France tardivement : c'est la branche nord du canal de l'Est (10), de Troussey à Givet, ouvert en 1887 pour suppléer, par un canal parallèle à la nouvelle frontière franco-allemande, à la perte de l'Alsace-Lorraine et de ses voies d'eau en 1870.
En fait, ce canal emprunte à plusieurs reprises le lit-même de la rivière, ces portions sont nommées râcles. L'on y retrouve des conditions de navigation proches de celles de la rivière d'origine, à ceci près que le courant en est fortement atténué et que le mouillage y est augmenté et maintenu de manière constante par les barrages éclusés. Les écluses sont bien sûr au gabarit "Freycinet" de 1879 et peuvent accueillir des bateaux de 38,50m (hors tout) sur 5,05 m, avec un tirant d'eau de 1,80 m. En Belgique, il ne s'agit plus d'une alternance de râcles et de dérivations artificielles, mais d'une canalisation proprement dite de la rivière, avec des écluses aux dimensions utiles de 100 m sur 12, le tirant d'eau des bateaux restant à 1,80 m. La mignole va alors s'adapter à une nouvelle navigation, le canal et ses écluses. Elle pourra de plus fréquenter la plupart des canaux français, mais ne s'éloignera en fait guère de la Lorraine et de la Champagne : il est extrêmement rare d'en voir une sur une carte postale ancienne des canaux bourguignons, par exemple, alors que rien ne s'oppose à ce qu'elle les fréquente. Les mariniers aussi ont leurs habitudes de voyage.
En s'adaptant à la navigation en canal, la mignole va grandir, et les plus grands exemplaires atteindront les dimensions réglementaires du gabarit "Freycinet", citées plus haut. Si sa construction reste robuste, ses flancs vont devenir verticaux, afin d'agrandir l'houle (11) , ainsi que, accessoirement, le logement, ou reu qui va désormais occuper l'arrière du bateau, sous l'amintot. Cette verticalisation oblige à revoir la conception et la coupe des bordés au niveau des levées qui restent la marque de fabrique de la mignole. Au centre trône une écurie : il faut bien loger les chevaux de halage. Dans le cas d'un bateau halé par des animaux de trait loués avec leur charretier ("haleur aux longs jours") ou par un locotracteur sur pneus ou sur rails, c'est le logement qui s'installe au centre, bien plus spacieux qu'à l'arrière où la levée fait perdre une place considérable. Il peut y avoir une autre petit logement pour un mousse à l'avant.

Vailly/Aisne
À Vailly-sur-Aisne, près de Soissons, le canal latéral à l'Aisne prolonge cette dernière canalisée. Une mignole chargée traverse le port où attendent des "flamandes". Mais que dissimule donc la grande bâche à côté de la troisième péniche ? (CPA Coll. de l'auteur)
La grande voile carrée va disparaître, ou se réduire à un simple auxiliaire, la semaque. La mignole va cependant conserver un mât assez haut pour le halage, ce qui va obliger à l'abattre à chaque pont : il est monté sur des jumelles et fortement haubané. L'on pourrait s'attendre à ce que, pour optimiser le gabarit des écluses, le safran du gouvernail se décompose en deux parties, dont une mobile, la lunette, et repliable ou basculable sur l'autre, comme sur bien d'autres bateaux de canal, à commencer par la péniche flamande (12). Or, à l'examen attentif des photos anciennes, il semble bien que ce ne soit pas le cas. Ce safran, qui mesure de trois à quatre mètres, conserve sa servante, parfois seulement dans sa partie postérieure, entre lui-même et la mèche.
Péronne
Au début du XXe siècle, le port de Péronne, sur le canal de la Somme. Au premier plan, une mignole bien chargée s'apprête à prendre le départ. Son mât de halage est dressé, comme celui de tous les bateaux derrière elle, qui sont du type "péniche flamande". (CPA Coll. de l'auteur)

Pour protéger sa coque des chocs contre les maçonneries des écluses, la mignole va se laisser pousser les moustaches, puissants renforts en bois disposés sur plusieurs hauteurs de chaque côté de la bordaille à l'avant. En fait, la mignole, loin d'adopter les formes lourdes de la flamande, va conserver cette élégance que lui confèrent ses deux levées et qui lui est propre, renforcée encore par les étriers ouvragés qui maintiennent, à l'avant et à l'arrière, les bordés et la sole.
Malgré la perte de volume utile que constituent les levées, ce bateau, dans ses dimensions maximales autorisées par le gabarit "Freycinet", porte jusqu'à 300 tonnes en rivière (13). Les plus petits exemplaires se contentent de 100 tonnes. Ces bateaux transportent les frets habituels de la batellerie : pondéreux, minerais, céréales…Moins banal, le Saint-Pierre est, dans les années 1920-1930, un bateau-chapelle (14) au service des mariniers et des populations éprouvées par la "grande guerre", et mené par un aumonier-batelier, l'abbé Platau (15).

La mignole moderne

Après la première guerre mondiale apparaît le fer dans la construction des bateaux de canal et de rivière. C'est l'époque où l'Allemagne livre à la France 639 bateaux métalliques au titre des dommages de guerre, les fameux "gros numéros" qui sortent des ateliers rhénans avec leurs chiffres peints en gros sur la bordaille, d'où leur surnom (16). La mignole, elle aussi, adopte le nouveau matériau. Les documents montrant des meusans métalliques halés sont très rares, car dans le même temps, le moteur arrive sur les bateaux. Curieusement, nombreux seront les mariniers, toutes régions confondues, qui refuseront la motorisation. La question de l'investissement n'explique pas tout. Peut-être l'attachement de ces gens, rudes et durs à la tâche, à leurs animaux n'est-il pas à négliger. Et puis les habitudes... C'est pourtant cette motorisation qui, en les rendant indépendants de tout système de remorquage ou de halage sur berge, va, de charretiers-haleurs, refaire d'eux des navigateurs à part entière. La barre à roue, ou macaron, va remplacer l'amintot alors que le safran, qui n'a plus besoin d'être aussi grand, diminue en surface et perd sa servante. Tous types confondus, les bateaux motorisés qui conservent une barre franche sont en effet plutôt rares : le jet de l'hélice sur le safran impose de gros efforts pour manoeuvrer ce dernier. De plus, le macaron permet d'avoir désormais une timonerie fermée, bien plus confortable quand la météo est mauvaise !
Esope
Ésope, photographié ici en 1998 à Cormicy, sur le canal de l'Aisne à la Marne, fut sauvé un temps par les services navigation de Reims. Mais il dut finalement être ferraillé car devenu trop dangereux, et trop cher à restaurer.

Dans cette nouvelle évolution, que va conserver la mignole ? Ses deux levées bien sûr ! Et ce sera tout. Mais c'est plus que suffisant pour la démarquer résolument de sa consœur belge, la flamande ou spits, largement majoritaire. Les chantiers meusiens en fabriqueront ainsi jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, mais les années soixante voient l'avènement du gabarit européen de 1350 tonnes, et l'arrêt total de la fabrication de tous les types d'unités de gabarit Freycinet" (17).

Laure2
Laure s'apprête à entrer dans une écluse pour se rendre au Pardon de la Batellerie de Marchienne, en 2006. (Photo Bernard Mercier)

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