un navire sous pavillon chypriote entre l’Irlande et l’Espagne



La compagnie roscovite Brittany Ferries met en service fin avril un navire entre l'Irlande et l'Espagne. Il battra pavillon chypriote. Une décision que déplorent la CGT et la CFDT.

Le nouveau navire de Brittany Ferries effectuera deux allers-retours hebdomadaires entre Cork et Santander. (©Birttany Ferries. )
À l’occasion du 40e anniversaire de sa ligne Roscoff-Cork, Brittany Ferries a annoncé le lancement dès le mois d’avril 2018 d’une nouvelle ligne entre Cork et Santander assuré par le Connemara. Affrété à Stena Roro pour une durée de deux ans, ce navire effectuera deux allers-retours par semaine.
Il transportera 500 passagers et 195 voitures. Il s’agit de la première liaison de ferry entre l’Irlande et l’Espagne.

Prise de risque

« Toute ouverture de ligne constitue une excellente nouvelle. C’est aussi une prise de risque certaine compte tenu du Brexit », reconnaît Stéphane Leverger, délégué syndical CGT de la compagnie maritime roscovite.
Cependant, une ombre est vite venue assombrir cette annonce. Lundi 15 janvier lors d’un comité d’entreprise, les dirigeants de la BAI ont annoncé que le Connemara battrait pavillon chypriote.
« La compagnie a justifié ce choix par les risques financiers liés à cette nouvelle ligne », rapporte Stéphane Leverger. Contactée, l’entreprise n’a pas souhaité commenter cette décision.  Dans un communiqué, elle précisait simplement :
Dans le contexte très incertain du Brexit, il nous faut concilier développement et maîtrise du risque afin de protéger l’actionnariat et les salariés actuels de l’entreprise. Aussi, dans une première phase de lancement de ce navire, nous avons décidé d’utiliser un pavillon européen. 
Le pavillon chypriote est classé comme pavillon de complaisance par la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF). Ce type de pavillon est choisi par les armateurs pour son caractère peu contraignant en matière de fiscalité, de sécurité du navire et de droit du travail auquel est soumis l’équipage.
Sur tous ces aspects, la CGT n’a obtenu aucune réponse lors du comité d’entreprise.
On pense que l’équipage sera essentiellement constitué de marins des pays de l’Est et peut-être d’Espagnols. Il va sans dire qu’ils n’auront pas le même salaire que les marins français de la Brittany. 
Le syndicaliste a tenté une négociation lors du CE : « On aurait pu trouver un accord particulier sur les contrats, l’organisation du travail, les effectifs.. » La CGT a quitté la réunion avant son terme. Le CE a finalement émis un avis favorable.

Guerre des pavillons ?

La CFDT était également présente. « On ne peut que déplorer une telle décision et le manque d’informations fournies par la compagnie », considère Jean-Paul Corbel.
Le délégué syndical CFDT espère que Brittany ferries tiendra les engagements formulés lors du CE : passer le Connemara sous pavillon français d’ici trois ans ; placer les deux nouveaux navires (Honfleur et le navire affrété au remplacement du Baie de Seine) sous pavillon français.
Pour la CGT, cette décision marque une nouvelle étape dans une « escalade commencée en 2015 par la mise en service du Baie de Seine, un navire dit économique avec des effectifs réduits ».
Un an plus tard, le Pélican est mis en service. Il transporte des véhicules fret non accompagnés entre Bilbao (Espagne) et Poole (Angleterre). « Celui-ci est sous pavillon Rif (registre international français). Le Rif est certes français mais beaucoup moins contraignant que le 1er registre utilisé pour tous nos autres navires. Pour nous, c’est un pavillon de complaisance », informe Stéphane Leverger.
La CGT craint une nouvelle guerre de pavillon entre les compagnies européennes.

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