Yvan Bourgnon. Un bateau 100 % écolo en vue


  • Yvan Bourgnon a partagé ses émotions, ses joies et ses galères, face à la...
    Yvan Bourgnon a partagé ses émotions, ses joies et ses galères, face à la caméra.
  • Le Manta possèdera deux grosses éoliennes de 47 m de haut, mais aussi 2.000 m²...
    Le Manta possèdera deux grosses éoliennes de 47 m de haut, mais aussi 2.000 m² de panneaux solaires.

Le navigateur Yvan Bourgnon a mis le cap sur un nouveau défi : créer un bateau collecteur de déchets, fonctionnant sans carburant. Un projet, baptisé Sea cleaners, qui devrait aboutir dans quatre ans.

La raie manta se nourrit en filtrant l'eau de mer... D'où le nom du bateau en projet : le Manta aura lui aussi vocation à purifier les océans en sillonnant les côtes pour y ramasser les déchets en plastique. C'est Yvan Bourgnon qui en est à l'origine. Le navigateur a été choqué par leur profusion, lors de son tour du monde en catamaran de sport et sans GPS (lire ci-dessous) : « J'ai reçu de plein fouet la pollution. Le moindre filet ou plastique freinait mon bateau. Et il y en avait énormément, surtout dans l'océan Indien, entre l'Indonésie, le Sri Lanka et la Malaisie ».

Un projet à 20 M€

Un constat qui l'a poussé à agir. Depuis, le Gladiateur des mers a mené à bien une autre aventure, toujours à bord de « Ma Louloutte », dans le Grand Nord. Mais désormais, c'est à terre qu'il s'active ! Ce projet, intitulé Sea cleaners (ce qui se traduit par Nettoyeurs des mers), a été lancé par une campagne de crowdfunding couronnée de succès à l'automne 2016.
En 2018, Yvan Bourgnon va reprendre son bâton de pèlerin pour collecter des fonds car la facture totale devrait s'élever à 20 M€. Côté technique, le rapport de faisabilité est actuellement en cours de finition. Suivront deux années d'études et deux autres années de construction, avant que le Manta ne puisse être mis à flot, en 2022 ou 2023. Il faut dire que ce sera une première ! Jamais un tel bateau de travail n'a ainsi été autonome énergétiquement. Il y a bien le PlanetSolar qui ne tourne qu'à l'énergie solaire, mais le Manta sera vingt fois plus lourd.

Vent et soleil pour avancer

Pour y parvenir, il va donc falloir s'appuyer sur un mix énergétique. « Il y aura deux systèmes de propulsion, détaille Yvan Bourgnon. Les voiles, d'abord, et des moteurs électriques, prêts à prendre le relais si les conditions météo l'exigent. Ils seront alimentés par deux grosses éoliennes de 47 m de haut et par 2.000 m² de panneaux solaires ».
C'est un architecte naval morbihannais, Stéphane Vallet, qui a été chargé de le dessiner. Et pour le réaliser, Yvan Bourgnon compte bien faire travailler les chantiers bretons ou ligériens. Né en Suisse, il habite lui-même près de Vannes, à Theix-Noyalo. Une fois le Manta réalisé, il sera envoyé sur les côtes du sud-est asiatique pour ratisser les déchets plastiques... « C'est là où l'urgence est la plus grande », affirme Yvan Bourgnon. Il ne s'attaquera donc pas au fameux « sixième continent », au milieu du Pacifique.
En effet, l'immense plaque de déchets que l'on imagine n'est qu'une image. Il s'agit en fait plus d'une zone où de fines particules de plastique se concentrent en raison des courants. Mais il est déjà trop tard pour imaginer les ramasser avec le Manta. Ce dernier s'efforcera donc de récupérer les déchets du futur, ceux qui viennent d'être jetés. Ils seront collectés et compactés, directement à bord, en balles d'1 m³. Le bateau pourra en contenir 600 avant d'aller les décharger à terre !

Cap sur le Vendée Globe 2024

Yvan Bourgnon compte aussi réattaquer en 2020 un programme Vendée Globe, pour participer à l'édition 2024. L'océan reste donc son terrain de jeu favori. Il aimerait juste lui rendre autant qu'il lui a apporté.
en complément
Un beau film pour retracer un tour du monde unique
En parallèle de son projet Sea cleaners, Yvan Bourgnon participe à des projections du film « En équilibre sur l'océan », qui retrace son tour du monde en catamaran de sport sans habitacle, réalisé d'octobre 2013 à juin 2015. Soit 230 jours de mer, si l'on enlève les escales, et 55.000 km parcourus. Le tout sans GPS, en naviguant à l'ancienne et en se guidant seulement au sextant. Le navigateur avait embarqué une caméra avec lui. Il en a tiré un film. Le titre, « En équilibre sur l'océan », reflète la poésie de son défi et la beauté de son aventure. « Je me suis mis à découvert, reconnaît-il. On a plus l'habitude du marin bourru qui cache ses émotions ».

Dauphins, couchers de soleil, tempêtes et chavirages

« Elle est pas belle, la vie », s'exclame-t-il à plusieurs reprises dans le film. Des bons moments, il en a vécu plein : quand des dauphins saluent son passage ou qu'un superbe coucher de soleil s'offre à lui. Mais il y raconte aussi ses galères : il a dû affronter une dizaine de tempêtes, deux chavirages et même un échouage au Sri Lanka. Il a bien pensé à ce moment-là que son aventure se terminait ici mais ses amis et ses fans l'ont convaincu de réparer « Ma Louloutte » pour pouvoir repartir, sept mois plus tard, et boucler son tour du monde. Autre séquence forte en émotion, quand il retrouve son frère Laurent Bourgnon à Tahiti. Il ne le sait pas encore mais ce sera l'ultime fois qu'il le verra. Ce dernier est décédé dans un accident de plongée en juin 2015. La peur des pirates somaliens, la mer Rouge polluée par les dégazages sauvages, la tentative d'arnaque au canal de Suez... On vibre jusqu'au bout, sans s'ennuyer une seconde, dans le sillage d'Yvan Bourgnon. À voir, en présence du navigateur,  le 26 janvier au Méga CGR de Lanester.


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