La goéletteTara a franchi le passage du Nord-Ouest

Un peu plus d’un mois après avoir franchi le passage du Nord-Est (Russie), la goélette d'exploration Tara, partie de Lorient en mai dernier, a franchi le 28 septembre le passage du Nord-Ouest, au Canada. L’expédition Tara Oceans Polar Circle poursuit ainsi son but de mieux connaître l’écosystème arctique, en partant à la découverte des espèces planctoniques particulièrement peu connues en zone polaire.
Un anticyclone extrêmement stable s'était installé sur la région nord canadienne du Nunavut, permettant à Tara de naviguer dans de parfaites conditions météorologiques. À l’aube, la goélette s’est donc engagée dans le Bras du Prince Regent dans un pack de jeune glace assez clairsemée caractéristique du début de la reformation des glaces à cette époque de l’année.
Puis, dans la matinée, le capitaine de Tara, Loïc Vallette, recevait un message radio du brise-glace Louis S. St Laurent, de la Garde-côtière canadienne, l’invitant à le suivre. Ce poisson-pilote a, ainsi, aidé Tara à passer une barrière de 100 kilomètres en une demi-journée, recouverte à 95% de 15 centimètres de glace. Sans l’aide des Canadiens, la goélette aurait mis beaucoup plus de temps, avec à la clé une nuit à slalomer dans le noir, entre les packs de jeunes et de vieilles glaces.

Ce gain de temps fut mis à profit dès hier dimanche. Le propos de cette expédition n’étant pas de réaliser un exploit autour du pôle mais bien de ramener un maximum d’échantillons de bonne qualité. L’équipe scientifique se remettait au travail et profitait des conditions météo exceptionnelles pour réaliser une station scientifique de 48 heures dans le détroit de Lancaster.

Les prochaines escales de l’expédition sont prévues à Arctic Bay (la ville la plus froide du monde) et Pond Inlet dans le Nunavut canadien les 4 et 6 octobre prochain. Puis ce sera Ilulissat au Groenland, Québec, Saint Pierre et Miquelon et enfin un retour à Lorient début décembre.

Malgré la présence de glace plus importante que ces 4 dernières années, les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest auront bien été enchainés dans le temps imparti et en réalisant les prélèvements prévus, écartant ainsi toute hypothèse d’hivernage. Selon Jean-Claude Gascard, directeur de Recherche émérite du CNRS au laboratoire Locean à l‘Université Pierre et Marie Curie, « de manière générale, les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest auront tendance à s’ouvrir plus tôt et se fermer plus tard, sauf anomalie saisonnière liée à la variabilité naturelle, comme cette année ».


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