Ouvert en 1988, ce musée unique en France retrace l'histoire de la signalisation maritime des côtes - présentant de magnifiques optiques aux éclats fascinants - et l'édification des phares en mer dans des conditions souvent périlleuses.
Tout commence par des naufrages comme en attestent les nombreuses épaves autour de l'île, rappelle Nathalie Bolloré, médiatrice culturelle du lieu, géré par le Parc naturel régional d'Armorique (Pnra) et qui accueille 16.000 visiteurs par an.
Parmi ces naufrages, celui du Drummond Castle est resté dans les mémoires. En ce jour de juin 1896, les passagers du paquebot britannique, venant du Cap, s'apprêtaient à passer leur dernière nuit en mer quand le navire s'est éventré sur les récifs au sud d'Ouessant. Bilan, selon Mme Bolloré: trois survivants sur 251 passagers. En remerciement aux Ouessantins pour avoir enseveli dignement les dépouilles ramenées à la côte, la reine Victoria offrira le clocher de l'église du bourg de Lampaul.
Si le phare d'Alexandrie a été érigé avant Jésus-Christ, le plus vieux phare de France, celui de Cordouan (Gironde), ne date que de 1611, tandis qu'à Ouessant, celui du Stiff, une construction militaire sur des plans de Vauban désormais désaffectée, remonte à 1695.
Mais c'est en 1825 que sera lancé le premier programme global de balisage des côtes de France pour guider les navires. Ce balisage est facilité par la révolution optique que constitue l'invention, par l'ingénieur des Ponts et Chaussée Augustin Fresnel (1788-1827, de la première lentille de Fresnel (1822), qui permet de multiplier la puissance de la lumière. Les phares du monde entier en seront ensuite progressivement équipés.
Un bon bol d'air
Le musée permet d'admirer plusieurs de ces optiques, à la géométrie complexe et aux dimensions parfois inattendues. A quatre faces, celle du Créac'h pèse 17 tonnes et repose sur un bain de mercure. Cette optique à 10 éclats a été montée en haut du phare en pièces détachées, chacune d'elle numérotée, avant d'y être remontées dans la lanterne de l'édifice. Chaque optique "a son propre code lumineux qui permet aux marins de les identifier sans erreur", rappelle Nathalie Bolloré.
Rançon des nombreux écueils qui l'émaillent et de la forte circulation qui en fait l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, la pointe du Finistère concentre la plus forte densité de grands phares, érigés pour l'essentiel entre 1862 et 1939.
Des photos et des maquettes permettent ainsi de suivre la construction du phare de la Jument, planté sur un rocher et achevé en 1911. Les pieds dans l'eau pour travailler le plus longtemps possible tant que le permet la marée montante, on y voit ainsi les travailleurs à l'oeuvre, parfois à la merci d'une lame.
Avant que les phares ne soient automatisés, les gardiens appelaient "les phares en mer, les enfers, et les phares à terre, le paradis. Mais +le palace+, c'était Kéréon", en plein milieu du courant du Fromveur, entre Ouessant et Molène. "Il faut les patins pour rentrer dedans", sourit Mme Bolloré. Achevée en 1916, financée par une généreuse donatrice, cette tour monumentale, l'une des plus soignée architecturalement, bénéficie de somptueux aménagements, comme en attestent des photographies: murs lambrissés en chêne de Hongrie, parquet de chêne orné d'une rose des vents marquetée en ébène et acajou. D'où les patins...
Des vidéos et des documentaires permettent aussi de mesurer la difficulté des relèves, souvent chahutées par la météo, dans les phares en mer, ou d'écouter des gardiens de phare parler de leur métier.
On trouve même au musée la maquette du phare Amédée, un édifice démontable en fer et en fonte d'une hauteur de 50m, installé en Nouvelles Calédonie où il est toujours en activité, sur l'îlot Amédée, au large de Nouméa.
Pour compléter la visite, le musée propose un parcours commenté de deux heures sur la signalisation maritime sur la côte d'Ouessant, prétexte à un bon bol d'air!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire