Seul sur les océans

A la fin des années cinquante, on compte sur les doigts d'une main les navigateurs français qui ont bouclé un tour du monde en solitaire. C'est l'époque où, confiné dans un sanatorium où il soigne sa tuberculose, Pierre Auboiroux lit le récite des grands pionniers, devenus marins de légende : Le Toumelin, Bardiaux et les autres... Puis, tout bonnement, il se dit : " Pourquoi pas moi ? ". Beaucoup d'autres le pensent, qui ne vont pas au bout de leur rêve. Mais lui, rien ne l'arrêtera. Pierre Auboiroux ne doute de rien et surtout pas de lui-même. Car le défi qu'il se lance est inouï. A la différence des marins célèbres, il n'est pas né au bord de la mer, une écoute à la main... Chauffeur de taxi à Paris, il ne connaît ni la mer ni les bateaux, ni la navigation... et n'a pas un sou vaillant. A l'aube de la plaisance naissante, nulle école pour se former. Pour apprendre tout seul la manœuvre, il fait quelques sorties en dériveur. Pour faire un tour du monde, il retape un voilier d'occasion de huit mètres, sans le moindre des équipements que nous jugeons indispensables. Puis, un beau matin, il largue les amarres, réinvente au fil des jours, tout ce qu'il faut savoir pour naviguer au long cours, en solitaire. Piqué au vif par les moqueries des " pros " de la mer, qui prédisent son retour dans les trois jours, il tiendra bon, serrant les dents pour naviguer deux ans autour du globe, " à la branquignole "... Auboiroux ne cache rien, ni ses peurs, ni ses erreurs. Est-il un branquignol, un gavroche des océans, un titi parisien égaré sur la grande bleue ou u, héros des sept mers ? Pierre Auboiroux, c'est d'abord une force de décision peu commune, un homme de caractère. Ce carnet de bord, ironique et drôle, dévoile les péripéties d'une incroyable croisière. Elles forgeront un grand marin de ce débutant qui osa se jeter à l'eau.

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