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Costa Concordia : ces rescapés qui sombrent


Un grand craquement, l'attente puis la panique. Les rescapés du « Costa Concordia » connaissent ces sensations par coeur. Près d'un mois après le naufrage du navire de croisière, des Nordistes que nous avons pu rencontrer racontent leurs difficultés à s'en sortir.

« J'ai toujours des flashs. On se serre dans la chaloupe, j'entends des cris. Je revois les scènes. Je n'oublie rien de ce qui s'est passé. » Chantal Carlier ne va pas bien. C'est un doux euphémisme. Le 13 janvier, elle était à bord du Costa Concordia avec Pascal, son époux. Un couple de Lommois comme un autre qui s'offrait une croisière conçue pour être de rêve.

Et le voyage qui bascule. Vraisemblablement à cause d'un officier qui a voulu frimer en rasant les côtes. Un type qui a sauté dans la première chaloupe venue, « capitaine abandonneur ». Alors, les images se bousculent. À commencer par l'insupportable attente sur le pont numéro quatre : « On est resté trois quarts d'heure sur le pont à attendre les ordres d'un commandant qui était déjà parti. »

Inévitables, les scènes de panique ne tardent pas à suivre. Récits venus d'un autre monde, où les hommes retrouvent parfois leurs instincts les plus bestiaux : « Il y a un type qui est arrivé à la chaloupe en criant qu'il était VIP, première classe, qu'il fallait le laisser passer. Un type qui a poussé une femme et son bébé. Le bébé a roulé sur le pont. Je verrai tout le temps ce gosse. » La voix de Chantal Carlier se brise. Des larmes coulent. Puis le flot de paroles reprend : « Mon mari a ramassé le bébé, il me l'a donné et il a mis un coup de poing dans la g... du type. » Pas volé.

La chaloupe. Enfin. Serrés tout de même. Une cinquantaine de personnes en trop. La fin du cauchemar. Non, il reste de la place pour une autre vision d'horreur : « La chaloupe d'à côté s'est décrochée, ils sont tous tombés. Les gilets de sauvetage étaient défectueux, les balises ne s'allumaient pas au contact de l'eau. » La sonnette de la maison lommoise des Cordier tinte. Petite accalmie dans un récit syncopé.

Les amis du couple, Daniel Debuchy et Sylvie Fougné, font leur entrée. De bons amis, Daniel et Sylvie. Au point de s'offrir une petite croisière ensemble. Pour eux non plus, ce n'est pas la grande forme. Là aussi, le Costa Concordia a laissé son empreinte. Daniel Debuchy se souvient du début du naufrage : « On était à table. La vaisselle a volé. On se demandait ce qui se passait. » Daniel marche avec une canne. Des membres du personnel l'ont évacué parmi les premiers. Parlons-en, des membres du personnel. Des caméristes, des serveurs, des mécanos originaires pour la plupart des Philippines. Les véritables héros de la catastrophe, à des années-lumière de la lâcheté du commandant Francesco Schettino. « Ces Philippins, on n'en parle pas, enrage Chantal Carlier. Je suis certaine qu'ils sont nombreux à y être restés. »
Antidépresseurs

Nouvelles larmes. Chantal se confie : « Ça fait deux fois que je vais consulter mon médecin. Il m'a donné des antidépresseurs. Je ne dors pas, je n'arrive pas à trouver le sommeil, je regarde la télé toute la nuit. J'ai rendez-vous avec un psychologue. » Les autres membres du quatuor ne vont guère mieux. Pascal aussi s'est vu prescrire des antidépresseurs. Sylvie Fougné est en arrêt de travail depuis son retour : « Ça s'appelle un traumatisme. Je suis sous calmants, assommée par des médicaments. » Daniel Debuchy s'essaie à un peu d'humour. Noir, l'humour : « Oh moi, tout va bien. J'ai juste fait un petit séjour à l'hôpital pour une anémie. Je n'avais plus de globules rouges. D'après les médecins, ça a pu être provoqué par le stress.http://www.blogger.com/img/blank.gif » Forcément, les quatre de Lomme n'ont pas l'intention d'en rester là avec les croisières Costa. Tous ont déposé plainte et refusé les 11 000 euros que propose le croisiériste en échange d'absence de poursuites.

Sylvie Fougné se fait porte-parole des autres : « Je voudrais déjà qu'on nous rembourse le montant de la croisière parce que là, ça commence à me bouffer. » Renseignements pris auprès du voyagiste choisi par le quatuor, les chèques de remboursement sont partis le 6 février et ne devraient plus tarder : environ 800 euros par tête. Une bien maigre bouée de sauvetage à laquelle se raccrocher. •

Source LaVoixDuNord

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